De très nombreux enfants mordent, surtout avant l’âge de 3 ans. Malgré les apparences, les jeunes enfants n’ont pas l’intention de faire mal en mordant. Leur cerveau n’est pas encore assez développé pour comprendre
les conséquences de leurs gestes. Ils agissent ainsi parce qu’ils manquent de vocabulaire pour s’exprimer et qu’ils n’arrivent pas à bien gérer leurs émotions.
Les neurosciences affectives, quel apport dans le développement de l'enfant ?
Les neurosciences affectives et sociales ont apporté à la pédiatrie une vision nouvelle de l’enfant. Elles constituent un apport considérable dans la connaissance du développement de l’être humain. Et surtout ont inclus des savoir faire pédagogiques et une priorité au bon développement de l'enfant. Ce n’est plus une question d’intuition, c’est le début de la connaissance scientifique.
QUELLES CONNAISSANCES ?
Le cerveau d'un enfant est très vulnérable et fragile surtout durant les deux premières années de la vie, il est aussi très malléable. Chaque expérience de sa vie s’imprime très profondément dans son cerveau. Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on fait est important. C’est pourquoi les métiers de la petite enfance sont si importants. Rien de ce que font les professionnels n’est anodin. Ils jouent un rôle fondamental dans le développement de l’être humain.
QU'EST-CE QUI FAVORISE LE DÉVELOPPEMENT DU CERVEAU ?
Il s'agit d'adopter une attitude emphatique et bienveillante. Cela signifie sentir et comprendre les émotions de l'autre, et d'y participer de manière soutenante et encourageante pour permettre au cerveau de se développer. Ce comportement de la part des adultes touche le cortex préfrontal qui différentie les humains des grands singes, cela fait développer des circuits cérébraux qui vont permettre à l’enfant, progressivement, de savoir gérer ses émotions.
LE RÔLE DU MATERNAGE
Materner, c’est prendre soin, consoler, rassurer. Materner favorise la maturation du cortex préfrontal, la sécrétion d’hormones et molécules qui permettent le
développement du cerveau. Et en plus cela génère la sécrétion d’ocytocine. C’est un cercle vertueux. Plus les professionnels de la petite enfance vont materner les enfants plus le
développement sera facilité. C'est un savoir faire primordial pour le bien être émotionnel et le développement cognitif des bébés, qui finalement fait du bien à tout le monde, à elles comme au
bébé. L'être humain danses premières années a besoin de se sentir aimé et en sécurité. Intuitivement on le savait, aujourd’hui c’est confirmé par la science.
C'est extraordinaire de constater que ce qui rend les gens heureux est confirmé par la science !
CAPRICE OU PAS CAPRICE ?
Les professionnels doivent comprendre que jusqu’à 3 ans un enfant est incapable de gérer ses émotions et que ses
comportements quels qu’ils soient ne peuvent être assimilés à des provocations.
Entre la naissance et trois ans un enfant ne peut pas gérer ses émotions. Ce n'est pas que l'enfant ne veut pas ou ne sait pas. C'est qu'il ne peut pas. Le
tout-petit ne provoque pas l’adulte. Ses cerveaux émotionnel et archaïque dominent pendant la petite enfance. Donc l’enfant est dominé par ses émotions. Quand il est triste, il est immensément
triste, quand il a peur, ce sont d’immenses paniques, quand il est en colère ,il est très en colère. Les professionnels doivent savoir que l’enfant, quand il est en proie à des tempêtes
émotionnelles, ne le fait pas exprès. Il souffre. Si l’adulte ne le rassure pas, ne le console pas, ne l’apaise pas, le cerveau de l’enfant se stresse et secrète des molécules de stress toxiques
pour le cerveau du tout-petit.
COMMENT CONSOLER UN ENFANT EN PLEINE TOURMENTE ?
Tout enfant qui pleure doit être écouté et entendu. Pour le consoler, il faut d’abord savoir nommer les émotions de l’enfant. Et pour cela le
professionnel doit être connecté avec ses propres émotions. Ensuite, l’apaiser ne veut pas dire céder, mais expliquer avec des phrases courtes et simples.
Cela demande énormément d’attention, de soins, de maternage.
Les professionnels de la petite enfance travaillent avec la période la plus compliquée pour l’adulte et pour l’enfant. C’est déstabilisant et difficile les
trois premières années de la vie. C’est le cerveau émotionnel qui est en action. Le cerveau supérieur va venir ensuite le réguler. Et plus les professionnels maternent, plus le cortex préfrontal
va maturer (vers 5/6 ans).
ET SI ON CRAQUE ?
Quand on ne sait pas faire face aux émotions du tout petit. Quand on ne répond pas à ses besoins émotionnels, cela génère du stress et des troubles du comportement (agitation, anxiété, déprime) et cela fabrique des adultes qui ne sauront jamais gérer leurs émotions.
TOUS LES COMPORTEMENT DE L'ENFANT SONT ILS EXPLICABLES PAR LES NEUROSCIENCES ?
Elles en expliquent beaucoup. Par exemple pourquoi vers un an-18 mois certains mordent ou tapent ? Cela s’explique par la domination du cerveau archaïque,
celui que nous avons en commun avec les reptiles et les poissons. Il est là pour notre survie. Quand les besoins fondamentaux d’un tout-petit ne sont pas satisfaits, quand il ne se sent pas en
sécurité, son cerveau archaïque va se mettre en action : et le bébé va taper, mordre, fuir ou attaquer.
Le punir, lui dire qu’il est méchant, ainsi que toutes les paroles dévalorisantes, la critique, la honte, le rejet, l’isolation, les phrases du
style « t’es méchant, t’es vilain, t’es pas gentil ! » c’est de la maltraitance émotionnelle... et c’est trop fréquent tant chez les professionnels que chez les
parents.
UN BÉBÉ EN MORD UN AUTRE QUE FAIRE ?
Il ne faut certainement pas le punir ! Les punitions c’est terrible pour le cerveau des petits c’est le contraire de ce qu’il faut faire. Des études récentes montrent que cela abîme la partie du cerveau qui nous rend pleinement humains ! Il faut que les professionnels prennent conscience qu’il ne faut vraiment plus utiliser ces mots-là. Et cela s’apprend notamment par la Communication non violente (CNV) Un enfant mord, on ne le punit pas. On rappelle juste la règle : on ne mord pas. Punir ce serait montrer que seuls les rapports de force permettent de régler les conflits.
QUELS RECOURS ?
Il est fort regrettable que les neurosciences affectives et sociales, la CNV, etc. ne fassent pas partie des formations des professionnels de la petite enfance.
Il est évident qu'une formation adaptée dans le sens de la relation à l'autre pour tous les professionnels de l'éducation serait un grand pas vers un meilleur développement cognitif des
enfants. Parce qu’avoir une attitude bienveillante cela permet de développer les compétences relationnelles et émotionnelles de l’enfant mais aussi de développer ses capacités
intellectuelles. Et même son sens moral.
Par ailleurs, les adultes ont une responsabilité et devraient se comporter comme de vrais adultes. Grâce à ces neurones miroirs, l’enfant par mimétisme, prend exemple sur l’adulte qu’il
a devant lui. Cet adulte devrait se comporter lui-même de la façon dont il souhaite que l'enfant se comporte.